«Tailler, récupérer, souder, plier, ressouder, façonner, polir, découper… chaque réalisation est une lutte pour faire renaître les matières et en extraire les possibles aux courbes les plus épurées»
«Je travaille la pierre et le métal, matériaux durs issus de la terre que j’associe pour marier les contrastes des couleurs et du toucher»
«La pierre nous renvoie toute la lumière du soleil et le métal est la virgule qui fige la courbe»
«Chaque création est un voyage et chaque pièce une invitation»

Cosimo Greco, scultpeur
L’ingénieur Freddy Greco a d’abord travaillé le métal, d’autant plus que son père Fernando était l’auteur de bas-reliefs en métal. Mais découvrant en Italie la belle pierre blanche de l’église de Lecce – la pietra leccese – et les œuvres de Michel-Ange et Antonio Canova, il décide de tailler la pierre. La découverte au Louvre des sculptures polychromes de Charles Cordier, mêlant divers matériaux, l’incite à la marier avec le fer.
Son premier maître en taille directe fut Velio Grandoli de l’Académie des arts de Volterra. Il lui apprit à choisir les blocs dans la carrière et à sculpter le visage. Aujourd’hui, il envisage de se former à la sculpture des corps auprès de l’artiste de Lecce Giuseppe Corrado.
En 2010, il créait sa première sculpture de pierre et de métal : Soleil, un demi-visage souriant et apollinien, qui s’extraie d’une gangue rocheuse, pierre blanche que prolonge la courbe élégante d’une mèche de cheveux métalliques.
Ce dialogue entre pierre et métal tient parfois du jeu de mots. Vague à l’âme offre un demi-visage à l’œil clos, tracé sur un enroulement de pierre dont s’échappe une vague noire de métal. Une idée noire ? Est-ce que la plaque sombre dont décolle l’oiseau de pierre d’Envol n’est que son ombre ou une nappe de pétrole ? Mais les « pièces » de Freddy Greco, s’il leur arrive d’être sereinement tragiques, pratiquent parfois un humour que soulignent leurs titres. Humour fou l’art montre un buste féminin, le cou ceint d’un foulard de métal adoptant le profil d’une botte découpée ressemblant à la péninsule italienne. On peut même découvrir un objet dadaïste : Tromperie, deux trombones soudés l’un à l’autre avec leurs deux pavillons inversés.
En revanche, Un autre monde porte au-dessus d’un visage de pierre réduit à sa partie inférieure, un menton, une bouche, un nez, une résille de métal soutenue par un compas à balustre ouvert, qui dessine, à la place du cerveau, une mappemonde écartelée. L’œuvre illustre une thèse lugubre : à vouloir refaire le monde, l’homme le détruit comme il s’autodétruit.
Quant à Chronos, une tête de pierre, les yeux clos, creusée d’un enroulement, perchée au dessus d’une machinerie de métal, qui additionne des roues dentées, elle symbolise l’engrenage inéluctable du temps qui passe et qui pourrait nous broyer. Autre pièce sur un thème semblable, Temps pluriel, où une main de pierre est en partie envahie par une résine noire, qui s’écoule du téléphone portable qu’elle brandit. C’est le symbole d’un temps qui nous dévore, grâce à un appareil qui, par exemple, poursuit les travailleurs pendant leurs loisirs ou rappelle les rêveurs à la réalité. La résine, c’est un nouveau matériau pour Freddy Greco, c’est aussi celui de La lecture, une jeune fille assise sur un siège de tôle pliée, qui feuillette les pages métalliques d’un livre ouvert.
À ses nombreuses expositions régionales, s’en sont ajoutées d’autres nationales ou internationales, comme celle de l’Espace Pierre Cardin à Paris en 2012 ou celles du Salon d’art contemporain du musée Leonardo Da Vinci de Rome en 2013 et 2014. Parmi les récompenses reçues, les deux médailles de l’académie Art-Sciences-Lettres de Paris en 2011 et 2013, le Prix international Van Gogh en 2011, remis à Lecce et le Prix Capitolium à Rome en 2012.
Jean-Claude Vigato.